Brève d’entretien: discrimination ordinaire !
 

Me voici en train de passer un entretien de recrutement (oui même les recruteurs et recruteuses ont passé eux-mêmes des entretiens dans des anciennes vies 😉 !)



J’ai RDV avec une “chasseuse de tête” ( = fonction sur sa carte de visite, déjà je déteste ce terme, nous ne sommes pas des animaux !)  pour échanger sur un poste qui me plait beaucoup. 

Appelons cette recruteuse, “Sofia” (pas le peine de la chercher, c’est un faux prénom !)


Cette professionnelle a une très belle carrière, un très beau réseau et est reconnue sur le marché.

1ère question avant même de me demander comment je vais:

  • Sofia: “Au fait Laetitia, tu as quel âge ?”
  • Laetitia: “ 😮 .. je suis née en 1985″
  • Sofia: “OK donc ça te fait 36 ans, c’est bien ça ?”


J’ai beau être formée contre les pratiques discriminatoires, je me rends compte que quand tu es toi-même en train d’en vivre, c’est hyper difficile d’avoir la bonne répartie.

Je peux lui demander pourquoi elle me pose la question mais à cet instant précis, j’ai peur que cela casse l’ambiance et que le poste (qui m’intéresse vraiment) m’échappe…


Le reste de l’entretien se déroule sous une apparente bienveillance et un esprit amical pendant lequel Sofia arrive quand même à poser ces questions et récolter les informations voulues

 

  • Sofia: “et tes enfants, ils ont quel âge ?”
  • Sofia: “et tu habites où? ”
  • Sofia: “et tu as quand même un système de garde pour les fins de journées après l’école”…


J’ai répondu à chacune de ses questions, abasourdie, mais j’avoue m’être laissée faire pour garder un pied dans le process de recrutement 🙁

A la fin de l’entretien, toutes ces informations étaient notées en haut de mon CV papier comme si cela faisait partie des points à retenir: “36 ans, 2 jeunes enfants, sorties d’école: garderie ? “


 

Et la prochaine fois ?


Avec un peu de recul, je pense que j’aurais dû lui demander de reformuler ses questions et/ou lui demander pourquoi elles me les posaient, afin qu’elle réalise peut-être leurs caractères déplacés.

Cela m’aurait aussi aidé à comprendre les éléments du poste qui nécessitaient de poser ce type de question.


C’est toujours plus facile de refaire le match à postériori !

 

Au moins, cela me permet de progresser moi-même, en tant que recruteuse en entretiens aujourd’hui :

  • Aucune question discriminatoire (et il y a 24 critères officiels de discrimination à bannir !) tant sur le fond que la forme (via l’utilisation de l’expression inclusive)
  • Aucune supposition sur les impacts d’une situation personnelle sur les compétences professionnelles.
    Je me force à réfléchir à des questions pragmatiques si besoin.
    Par exemple, pour une personne qui m’évoque spontanément sa situation de handicap:“ As-tu besoin d’aménagement particulier pour effectuer ta mission dans les meilleures conditions possibles? ”. Je fais tout pour ne pas tomber dans les biais de recrutement !

  • Surtout, j’essaye de tout faire pour ne jamais mettre les candidats et candidates en situation de stress ou de gêne.

    Je ne pose jamais de questions dites “piège” !
    J’ai le sentiment qu’en situation de stress tout le monde active son mécanisme de défense personnel et cela ne laisse plus la place à la réflexion et à l’échange constructif

 


Et vous, avez-vous déjà vécu des situations similaires ?

Quelles sont vos bonnes pratiques en entretien pour vous en sortir mieux que moi sur ces questions “border” ?